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Prendre soin de soi : un enjeu crucial pour les soignants

Le monde de la santé est dominé par un paradigme, une représentation générale inconsciente selon laquelle le rôle des soignants des institutions de soins, toutes fonctions confondues, consiste essentiellement à prendre soin de leurs patients et autres résidents. Ce qu’ils font la plupart du temps avec un dévouement remarquable et une abnégation exemplaire, des dispositions qui plongent souvent leurs racines dans le caractère vocationnel de leurs apports respectifs au bien-être d’autrui.

Dans le même temps, la naturelle pénibilité de leur activité s’exerce notablement au détriment de leur propre santé : il n’est pas anodin d’être confronté quotidiennement aux douleurs, aux angoisses et à la mort de celles et ceux que l’on entoure admirablement. Se caractérisant par de nocifs sentiments d’impuissance et/ou de culpabilité, ces situations que les soignants rencontrent régulièrement entrainent des risques avérés d’épuisement professionnel (burn-out), d’insensibilisation par mesure de protection, voire de ce qui est communément qualifié de maltraitance.

Le relatif manque de reconnaissance pour leurs contributions - que ce soit de la part des bénéficiaires de soins, des pouvoirs publics ou des responsables administratifs des institutions sanitaires - ajoute encore au désarroi qui les habitent.

Evidemment que cette pénibilité à laquelle les soignants sont ordinairement exposés s’est retrouvée exponentiellement renforcée par la récente crise sanitaire, au point qu’ils sont très nombreux à se sentir forcés, à contrecœur, de quitter leur profession pour préserver leur santé.

Très clairement, un nouveau paradigme semble aujourd’hui requis de la part des soignants, lequel postule que l’on soignera d’autant mieux autrui que l’on aura appris à prendre soin de soi. Et dans la mesure où, selon toute vraisemblance, la pénibilité dans les soins ne saurait diminuer dans le futur, l’hypothèse peut être émise que cette nouvelle attitude à soi-même deviendra une nécessité à l’avenir.

Dans le jargon des soignants, on entend souvent qu’il importe de « mettre une distance » ou de « se protéger » des situations émotionnellement difficilement supportables. Certes, mais comment ? Mettre une distance, en faisant un pas en arrière… ? Et comment « se protéger » contre quelque chose qui s’est produit naguère et qui perturbe mon sommeil actuel ? Manifestement, les expressions que nous utilisons pour légitimement tenter de préserver nos intégrités physique et psychique sont dépourvues de pertinence.

Peut-être parce que ce qui est requis de la part des soignants - et ce dont nous avons du reste tous besoin - c’est d’une présence accrue à soi-même, c’est-à-dire d’une perception consciente de que l’on éprouve intérieurement, plutôt que de subir les évènements extérieurs sans aucun recul.







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